GEORGES LEROUX
Dans la Grande Galerie
Date : fin des années 50
Type : Huile sur toile
PHOTOGRAPHIE PEINTE
Pierre Fresnault-Deruelle, qui s'interesse souvent aux rapports entre image, espace et narration, dans son commentaire sur la peinture Dans la Grande Galerie observe que Leroux ne relève pas de l’hyperréalisme glacé mais d’une tradition héritée d’Edward Hopper, jouant sur l’anachronisme entre sujet moderne et facture classique.
Il souligne que ce tableau met en scène une contradiction : une composition savamment construite qui feint de ne pas l’être, oscillant entre cadre pictural et cadrage photographique. L’œuvre s’inscrit dans le dialogue entre peinture et photographie, à la croisée des influences réciproques. Elle fonctionne comme un palimpseste, opposant la vision en ruines d’Hubert Robert à l’actuel culte de la conservation des chefs-d’œuvre.
Enfin, que cette peinture révèle l’écart ironique entre visiteurs distraits et figures tutélaires, seule la fillette en rouge semblant pressentir le lien fragile entre art et spectateurs. Retrouvez son article : Georges Leroux - "Dans la Grande Galerie
Date: Late 1950s
Type: Oil on canvas
PAINTED PHOTOGRAPH
Pierre Fresnault-Deruelle, who is often interested in the relationships between image, space, and narrative, observes in his commentary on the painting "Dans la Grande Galerie" that Leroux does not fall within the realm of icy hyperrealism but rather a tradition inherited from Edward Hopper, playing on the anachronism between modern subject matter and classical technique.
He emphasizes that this painting depicts a contradiction: a skillfully constructed composition that pretends not to be, oscillating between pictorial and photographic framing. The work is part of the dialogue between painting and photography, at the crossroads of reciprocal influences. It functions like a palimpsest, contrasting Hubert Robert's vision of ruins with the current cult of preserving masterpieces.
Finally, this painting reveals the ironic gap between distracted visitors and guardian figures, with only the little girl in red seeming to sense the fragile bond between art and spectators. Read his article: Georges Leroux - "In the Grande Galerie"
Toute aussi passionnante, découvrez la biblographie de Pierre Fresnault-Deruelle. un homme de l'image, il est un sémiologue français, spécialiste de la sémiologie de l'image, auteur de nombreux d'articles et d'une vingtaine d'ouvrages consacrés à la peinture figurative, l'affiche, la photographie, mais aussi à la bande dessinée. Equally exciting, discover the bibliography of Pierre Fresnault-Deruelle (in French). he is man of the image, he is a French semiologist, specializing in the semiology of the image. He is the author of numerous articles and around twenty books devoted to figurative painting, posters, photography, as well as to comics.

En résumé, les idées principales de Pierre-Frenault-Deruelle pour ceux qui n'ont pas le temps de lire son article.
1. Positionnement esthétique de Leroux
- Leroux est rapproché des hyperréalistes mais ce lien est jugé impertinent :
- son style n’a rien de la froideur lisse des « photographies peintes » (Goings, Estes).
- Son tableau joue sur l’anachronisme entre un sujet moderne (visiteurs de musée) et une facture classique.
- Leroux apparaît plus comme l’héritier d’Edward Hopper que comme précurseur de l’hyperréalisme.
2. Logique de composition
- L’œuvre repose sur unecontradiction (« antilogie ») :
- elle fait semblant de ne pas être composée, tout en étant une composition très construite.
- Leroux oscille entre la dispositio classique (cadre pictural) et l’esthétique de l’écran (cadrage photographique/cinématographique).
- Cette tension produit un désaccord assumé, constitutif de l’originalité du tableau.
3. Peinture et photographie : un dialogue historique
- Rappel du conflit XIXe siècle entre peinture et photographie → devenu ensuite un dialogue critique.
- Au XXe siècle :
- des peintres (Le Gac, Hucleux) empruntent à la photographie,
- des photographes (Milovanoff, Franck) s’inspirent des musées.
- Leroux s’inscrit dans cet entre-deux : entre peinture qui continue la tradition et photographie réinventée.
4. Dimension palimpseste et mémoire des images
- La toile convoque Hubert Robert et sa vision en ruines de la Grande Galerie du Louvre (fin XVIIIe).
- Chez Leroux, au contraire, domine le culte de la conservation (préserver plutôt que laisser disparaître).
- Le tableau met en regard la fragilité des civilisations et la volonté moderne de sauvegarder les chefs-d’œuvre.
5. Rapport entre visiteurs et œuvres
- Les grands maîtres (Caravage, Vinci, Luini…) apparaissent en toiles silencieuses, témoins de la distraction des visiteurs.
- Leroux souligne l’écart entre l’art et le public moderne (visiteurs souvent indifférents).
- Ironie : le peintre rapproche deux mondes normalement séparés (les figures de l’art et les promeneurs du dimanche).
- Exception : la petite fille en rouge qui, seule, semble établir une connexion consciente/inconsciente avec le peintre et les œuvres.
- Question finale : qui sont les véritables fantômes ? Les maîtres anciens ou les visiteurs contemporains ?
To summarize, Pierre-Frenault-Deruelle's main ideas for those who don't have time to read his article.
1. Leroux's Aesthetic Position
- Leroux is associated with the hyperrealists, but this connection is considered irrelevant:
- his style has nothing of the smooth coldness of "painted photographs" (Goings, Estes).
- His painting plays on the anachronism between a modern subject (museum visitors) and a classical style..
- Leroux appears more as the heir to Edward Hopper than as a precursor of hyperrealism.
2. Compositional Logic
- The work is based on a contradiction ("antilogy"):
- it pretends not to be composed, while remaining a highly constructed composition.
- Leroux oscillates between the classical dispositio (pictorial frame) and the aesthetics of the screen (photographic/cinematographic framing)
- This tension produces an assumed disagreement, constituting the painting's originality.
3. Painting and Photography: A Historical Dialogue
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Recalling the 19th-century conflict between painting and photography → which later became a critical dialogue.
- In the 20th century:
- painters (Le Gac, Hucleux) borrowed from photography
- photographers (Milovanoff, Franck) drew inspiration from museums.
- Leroux inhabits this in-between: between painting, which continues tradition, and reinvented photography.
4. Palimpsest Dimension and Memory of Images
- The painting evokes Hubert Robert and his vision of the Grande Galerie du Louvre in ruins (late 18th century).
- In Leroux's work, on the contrary, the cult of conservation (preserving rather than letting disappear) dominates.
- The painting contrasts the fragility of civilizations with the modern desire to safeguard masterpieces.
5. Relationship between visitors and works
- The great masters (Caravaggio, Vinci, Luini, etc.) appear as silent canvases, witnesses to the visitors' distraction.
- Leroux highlights the gap between art and the modern public (often indifferent visitors).
- Irony: the painter brings together two normally separate worlds (art figures and Sunday strollers).
- Exception: the little girl in red who, alone, seems to establish a conscious/unconscious connection with the painter and the works.
- Final question: who are the real ghosts? The old masters or contemporary visitors?